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Consommation
“Coup de fatigue” pour la consommation de fruits et légumes frais et un vrai décrochage du bio

Les Français sont fatigués de cuisiner maison et se retournent désormais vers les produits transformés. Sous la contrainte économique et l’offre plus assez en adéquation avec la demande et les attentes, le bio décroche réellement. Des programmes de communication sont lancés pour booster la consommation, à la fois par l’Agence Bio et par Interfel.

Les Français, fatigués d'acheter des fruits et légumes frais et cuisiner ?
© Claire Tillier - FLD

[Mise à jour le 19 janvier à 13h]

Si le contexte a été favorable à la consommation de fruits et légumes frais jusqu’à fin septembre, un décrochage a été observé en octobre et en novembre avec une baisse de -3,7 % des dépenses par ménage par rapport à 2020 (source Kantar - achats pour consommation à domicile - chiffres en cumula annuel mobile au 26/12/21). C’est le constat dressé lors de la conférence de presse de rentrée d’Interfel, Aprifel et du CTIFL le 18 janvier.

« Un décrochage qui s’explique sûrement en partie par la météo car nos produits sont météo-sensibles, mais aussi par ce que Kantar qualifie d’un “coup de fatigue” des consommateurs : un repli sur les produits transformés après une tendance très marquée au cuisiné maison lors du premier confinement qui avait impacté très positivement la consommation des produits frais, analyse Laurent Grandin, président d’Interfel. On espère un endiguement prochain en 2022 de ce phénomène conjoncturel. »

A l’échelle européenne, en 2019, 33 % des Européens déclarent encore ne consommer aucun fruit et légume de manière quotidienne ! Vis-à-vis de l’Europe, la France est bonne élève (4e pays respectant le plus les recommandations du PNNS avec 20 % des Français).

Contraintes économiques, offre supérieure à la demande… Le bio décroche (réellement)

En parallèle, les contraintes économiques (75 % des Français ont des craintes quant à leur pouvoir d’achat) pèse sur les achats de fruits et légumes. Cela est d’autant plus vrai pour le bio qui a subi un vrai décrochage l’année dernière, plus marqué que pour le conventionnel, avec des volumes d’achats de fruits et légumes frais bio en baisse de -11 % par rapport à 2020 et de -6 % par rapport à la moyenne 2018-2020. Soit -1% par rapport à l’avant crise (moyenne 2017-2019) de janvier-novembre 2021. Et la taille de clientèle stagne en 2021 (proche de sa moyenne des 3 dernières années), après une hausse uniquement sur les périodes de confinement en 2020.

Le constat se retrouve sur les autres secteurs. « On avait été les premiers à avertir les pouvoirs publics, sur cette baisse de consommation qui pouvait être structurelle et sur un déséquilibre possible de la demande face à une offre en forte progression. Nous avions constaté, lors du confinement, que le marché du bio évoluait déjà moins vite que le marché du conventionnel, regrette Laurent Grandin. Ce qui faisait le socle du bio n’est plus suffisant pour conserver les consommateurs, en particulier ceux arrivés par la GMS. »

« Aujourd’hui, nous constatons effectivement, pour certains produits fruits et légumes, des difficultés de marché concernant la demande de produits bio », précise Interfel. L’offre en légumes bio est aussi nettement supérieure à la demande. Le déclassement et la vente au prix du conventionnel peut arriver. Interfel lance d’ailleurs une étude sur l’adéquation offre/demande pour analyser précisément la problématique.

Agence Bio, Interfel... Des programmes de communication vont être lancés

Afin de faire face à ce décrochage du bio sur l’ensemble des secteurs alimentaires, le ministère de l’Agriculture vient de doter l’Agence Bio d’un budget pour lancer une campagne de communication pour relancer la consommation. Interfel va adapter ce plan spécifiquement aux fruits et légumes. Une rencontre Interfel-ministère prévue le 19 janvier devait aborder cette campagne de communication bio, « pour des actions enclenchées très rapidement, dès février, en parallèle des actions transversales de l’Agence Bio auxquelles participe l’interprofession ».

Pour information, Interfel et Aprifel investissent pour le soutien des produits bio en matière d’information et de communication sur ce secteur, en plus de la dotation qui est attribuée à l’Agence Bio. Interfel précise être la première interprofession (en montant) qui finance les actions communication de l'Agence Bio (environ 100 000 €).

Un soutien nouveau à la gestion de crise conjoncturelle du bio

Jusqu’à ce jour, Interfel finançait également prioritairement la recherche et l’expérimentation dans ce domaine au travers du CTIFL. Mais le ralentissement de la demande en bio va pousser Interfel à accroître son action, en accompagnant l’Agence Bio dans sa communication de soutien de marché et en renforçant cette initiative par ses propres actions.

« Le 14 janvier dernier, la Conférence des Organisations Professionnelles Nationales, à l’unanimité des collèges amont et aval, a validé le principe d’un soutien à la gestion de crise conjoncturelle actuelle du bio, par une communication spécifique sur les fruits et légumes bio pour un montant équivalent à celui qu’Interfel consacre en cas de situation de marché difficile et de gestion de crise, appuyée d’une demande de cofinancement auprès de FranceAgriMer », re-précise Interfel à FLD.

Un programme Interfel/Cniel pour communiquer bio vers les professionnels du BtoB et de la restauration collective

Enfin, Interfel annonce qu’il a remporté avec le Cniel (interprofession du lait et des produits laitiers) un programme européen de communication bio. Du 1er février 2022 au 1er février 2024, Interfel déploiera des actions BtoB à travers le programme européen en collaboration avec le Cniel, avec deux objectifs : sensibiliser, former et informer les professionnels aux spécificités et valeurs de l’agriculture biologique européenne; et accompagner le développement de l'offre et de la consommation de produits biologiques européens en restauration collective.

Ce programme, dont le calendrier des actions et en cours de construction, s'adresse donc aux professionnels de la distribution bio et généraliste , aux professionnels de la production bio et de la mise en marché, aux collectivités, acheteurs de cantines, élus locaux (maires, conseillers municipaux, etc.).

Consommation en RHD : faire avec la nouvelle réalité du télétravail. La RHD commerciale retrouve des niveaux de consommation quasi normaux alors que la restauration collective reste compliquée, surtout en restauration collective d’entreprise. « Il y a de grands changements structurels avec le télétravail (40 % de l’activité en région francilienne !) à prendre en compte de manière durable », souligne Laurent Grandin. 10 % environ en volume et 8 % en valeur des fruits et légumes sont orientés vers la RHD. Le secteur du travail est estimé à un peu plus de 10 % des repas servis en restauration collective et 5 % de l'ensemble de la restauration.

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